Gestion des comptes publics : Un audit controversé confié à un cabinet privé lié à BGFIBank

Dans une décision pour le moins surprenante, le ministre de l’Économie et des Finances Henri-Claude Oyima a choisi de confier une mission d’audit des comptes publics au cabinet privé IX Advisors, contournant de fait les procédures habituelles impliquant l’Inspection générale des services. Cette révélation, publiée en exclusivité par nos confrères d’Échos du Nord le 12 juin dernier, soulève de sérieuses questions quant à l’indépendance et la transparence du processus.
La présence au sein d’IX Advisors de Patrick Obiang Obame, directeur de l’audit interne du groupe BGFIBank, institution que le ministre Oyima continue de diriger parallèlement à ses fonctions gouvernementales, constitue un conflit d’intérêts manifeste. Cette situation problématique met en avant plusieurs incohérences majeures dans la gestion des finances publiques.
Un audit des comptes publics ne saurait être assimilé à un simple audit d’entreprise. Il engage la responsabilité de l’État tout entier et doit répondre à des exigences spécifiques de transparence et d’impartialité. La mission confiée à IX Advisors, qui porte principalement sur l’organisation de la Direction générale de la comptabilité publique et du Trésor, place pourtant Patrick Obiang Obame dans une position délicate : comment ce cadre de BGFIBank pourrait-il auditer en toute objectivité des services avec lesquels sa banque entretient des relations financières étroites ?
Plusieurs sources au sein de l’administration, souhaitant garder l’anonymat, ont exprimé leur profonde inquiétude face à cette situation. « Nous assistons à une confusion des genres inacceptable« , nous a confié un haut fonctionnaire du ministère. « C’est comme si on demandait à un joueur d’arbitrer son propre match. Les règles élémentaires de déontologie sont clairement bafouées. »
Cette décision intervient dans un contexte déjà marqué par les vives critiques entourant le cumul de fonctions du membre du gouvernement. Elle suscite de légitimes interrogations : pourquoi avoir contourné les institutions étatiques d’audit ? Quel est le cahier des charges précis de cette mission ? Comment garantir l’indépendance réelle des conclusions qui en découleront ?
Cette situation risque d’éroder un peu plus la confiance dans la gestion des deniers publics et de jeter un discrédit supplémentaire sur les réformes engagées par la 5ème République.