Affaire HPO: le Palais du bord de mer s’est-il sali en sortant Landry Amiang Washington de la Prison?

Affaire HPO: le Palais du bord de mer s’est-il sali en sortant Landry Amiang Washington de la Prison?

De notre mémoire, jamais prisonnier n’avait eu un séjour aussi court à la Prison Centrale de Libreville tel que celui que vient de passer l’activiste Landry Amiang Washington. En effet, quelques heures seulement d’incarcération, le mardi 20 août dernier, suite à la plainte déposée par l’ancien ministre des Mines, Hervé Patrick Opiangah, pour diffamation et injures publiques, auront suffi à l’activiste gabonais comme séjour à «Sans famille», avant d’être libéré grâce à l’intervention express du Palais du bord de mer.

Arrêté par les éléments de la gendarmerie et placé en détention à la Prison Centrale de Libreville suite à un mandat de dépôt délivré par la justice gabonaise en lien avec la plainte déposée par Hervé Patrick Opiangah, Landry Amiang Washington n’aurait eu sa libération que grâce à un appel provenant de la Présidence de la République intimant l’ordre au Directeur de la Prison de le relâcher.

Selon certaines sources, il s’agirait d’une intervention directe du Président de la transition. Si ces faits sont avérés, il y a lieu de s’interroger sur la réelle volonté des nouvelles autorités à créer les conditions d’une séparation des pouvoirs pour une justice indépendante au Gabon.

Nul doute que les faits indiqués sont d’une paradoxalité évidente au regard des propos fraîchement tenus par le Président de la transition lui-même lors de son adresse à la Nation le 16 août 2024.

«L’État de droit est bien plus qu’un simple concept pour le CTRI.Il est l’idéal de démocratie auquel nous devons tous aspirer. Il garantit notre liberté et notre justice en assurant à chaque Gabonais, quel qu’il soit, la possibilité de s’exprimer librement et de vivre dignement.Car, il n’y a pas de démocratie sans liberté d’expression, mais également sans respect de la loi.», avait-il déclaré.

Moins d’une semaine seulement, cet idéal tant prôné par l’exécutif vole en éclats. Car, l’État de droit tant réclamé par le CTRI se trouverait en effet mis en cause par son principal chantre.

En libérant Landry Amiang Washington des geôles de la Prison Centrale de Libreville sans aucune forme de procès, le Chef de l’État, si les faits sont vrais, pourrait être l’architecte d’un État anarchique. Un pays dans lequel seuls sont jugés et condamnés, des citoyens qui n’ont pas de «longs bras». Autrement dit, les citoyens qui n’ont pas de connaissances au sommet de l’État seront les seuls éligibles à des séjours à « Sans famille.». Ce qui serait en totale contradiction avec son discours à la Nation dans lequel il a déclaré ce qui suit :

«Aucun pays au monde ne s’est développé dans l’anarchie et le désordre, ou par l’injure et la caricature. Nos divergences d’opinions ou d’idées ne doivent pas nous amener à mépriser nos dirigeants, voire à dénigrer notre pays sur les réseaux sociaux. C’est inacceptable. Force restera toujours à la loi.».

Aujourd’hui on se rend compte que la loi, dans ce dossier, a été dépossédée de sa force. Ainsi, le Chef de l’État décrédibilise sa parole, car on ne peut tenir un tel discours et agir autrement en l’espace de quelques jours seulement. Lui qui avait aussi déclaré :« Celui qui doit être arrêté, doit être arrêté.». Finalement, ne vient-il pas là de libérer celui qui doit être arrêté ?

Cette affaire pourrait davantage ternir l’image du régime de transition actuel. Car, la réforme des institutions tant prônée ne peut voir le jour  lorsque ceux qui doivent la mener, piétinent eux-mêmes les règles élémentaires de droit.

Jessy MBOUKOU

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